Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Teddy Bracard, j’ai 22 ans. Je suis natif d’un petit village de Meurthe-et-Moselle, Damelevières, situé entre la vallée de la Moselle et celle de la Meurthe. Je me passionne depuis ma plus tendre enfance pour les petits trésors de la Nature grâce à mon père qui m’a longuement initié dans ce domaine. Actuellement, je viens de terminer mes études dans la filière environnementale, titulaire d’une licence dans la gestion des espaces forestiers : je souhaite contribuer humblement à la préservation de l’environnement. Attachant, drôle et sensible je reste tout de même quelqu’un de solitaire, qui trouve son épanouissement que dans les grands espaces sauvages, dépourvus de civilisation.
Quand et comment la photographie est-elle devenue une passion ?
J’ai commencé la photographie il y a une dizaine d’années, j’avais 12 ans plus exactement. Toujours dehors pour construire des cabanes, observer des oiseaux, cueillir des champignons ou encore rechercher les mues de cerfs, je deviens très vite un amoureux de la nature à part entière. Mon père et moi cessons de raconter tous ces moments magnifiques à nos proches, cependant il nous manque quelque-chose : des images pour concrétiser et immortaliser ces souvenirs. L’idée de se mettre à la photographie s’est ensuite fait très naturellement…
Quelles sont vos techniques d’approches ? Quels sont les animaux les plus difficiles à approcher ?
La photographie naturaliste est un type de photographie qui ne s’improvise pas, il est donc nécessaire d’apprendre à connaître les espèces et leurs milieux avant de les photographier. Pour ce faire, un temps de repérage, de prospection, de pistage est requis pour prendre connaissance des mœurs animales et ainsi décider quelles espèces est-ce que je vais photographier. C’est l’étape la plus importante en photo animalière, pour ma part elle représente environ 75 % du temps passé dehors, la photographie n’est que l’aboutissement de ce travail. C’est une finalité. Une fois le repérage effectué, je construis des affûts avec des matériaux de récupération et des matériaux naturels que je vais placer judicieusement en fonction des résultats de mes repérages. En ce qui concerne les animaux les plus difficiles, ils présentent chacun une grande difficulté, mais je dirais très certainement le chat forestier : un animal déconcertant, aux habitudes peu régulières, mais au regard si intense.
Vos missions photographiques vous entrainent aux quatre coins du monde mais y a-t-il un endroit que vous affectionnez particulièrement ? Quel a été votre plus beau voyage et pour quel animal était-ce ?
Je suis un amoureux des grands prédateurs européens : ours, loup, lynx. Ces trois espèces animales sont présentes sur le territoire français, mais leurs populations sont restreintes à quelques individus. Leur quiétude est donc essentielle, c’est pour cette raison que je voyage chaque année dans les pays de l’est pour partir à leur rencontre. J’ai découvert la Slovénie et la Croatie il y a plusieurs années et je suis vraisemblablement tombé sous le charme de ces petits pays chaleureux. Tant pour les rencontres humaines qu’animales, en prenant en considération les grands espaces sauvages voire primaires par endroit. J’ai eu l’occasion de rencontrer chacun de ces mythiques animaux, et… J’en redemande dès que possible !
Le photographe animalier se doit-il de retranscrire la réalité telle qu’elle est ?
Chaque personne ne partage pas la même vision des choses, mais de mon point de vue personnel, oui ! C’est très important de montrer au grand public ce qu’il se passe réellement dans la nature : sans fausser, sans tricher sur les lumières, sur les couleurs… Faire rêver les gens avec des ambiances, des comportements, c’est super, mais ça le devient encore plus quand ces mêmes personnes peuvent réellement vivre ces scènes dans la nature. À mon sens, le photographe animalier doit être un témoin et ses images doivent prouver, témoigner et sensibiliser à grande et à petite échelle.
Si vous deviez faire une autocritique de votre travail, que diriez-vous ?
C’est très difficile comme question dans la mesure où mon travail photo n’est autre que ma passion et je me contrains à ne faire que ce qui me fait plaisir. Cependant, malgré mon travail qui pousse à toucher les gens et à cueillir les émotions de chacun avec souvent des gros plans, des portraits, des lumières. J’aimerais être encore plus suggestif et peaufiner ma touche personnelle.
Quel matériel utilisez-vous (photo/logiciel) ?
Je me suis équipé chez Canon, ils sont très compétitifs et leur matériel est à la hauteur de mes attentes sur le terrain. Je travaille donc avec un Canon EOS 1Dx et un 500mm F4 L IS USM couplé souvent avec un extender 1.4. Je dispose également d’un boitier EOS 7D, d’un grand angle et d’un macro pour compléter mon approche. Pour le traitement de mes images, bien qu’il soit très faible, j’utilise Adobe Photoshop.
Quel est votre processus de traitement ? Quelle est la place de la retouche dans vos photographies ?
La retouche n’est que minoritaire dans ma passion et aussi dans ma démarche, comme je l’ai rappelé tout à l’heure je souhaite retranscrire ce que je vois et donc ne pas « tricher » sur l’aspect final au moment de la prise de vue. J’effectue si besoin quelques recadrages et accentue parfois les contrastes. En revanche, je ne retire pas d’éléments (sauf les poussières) car je considère que nous ne faisons pas de la photographie en studio et que chaque élément de la photographie a naturellement sa place.
Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner aux personnes qui souhaitent se lancer dans la photographie ?
Je vais être court mais précis, la photographie animalière c’est pour moi 40 % de patience, 40 % de persévérance et 20 % de chance.
Auriez-vous une astuce à nous partager ?
Il faut être présent sur le terrain sans relâche, car il n’y a guère que de cette façon que l’on progresse et que l’on apprend, la patience est la clé de la rencontre. Il faut donc prioritairement connaître les espèces avant de les photographier, car le but n’est pas la photographie à tout prix mais bel et bien de ne minimiser les dérangements. Utilisez une bonne paire de jumelles pour faire vos repérages, n’hésitez pas à passer du temps à attendre sur un endroit qui vous paraît favorable, la chance et la persévérance vous le rendront… !
Dans votre exposition, si vous ne deviez retenir qu’une seule photo, laquelle serait-ce ? Racontez-nous son histoire...
Il s’agit de la photographie de renard utilisée en couverture.